Le père est psychologue, la mère écrivaine féministe à succès, le fils champion de l’équipe de débat au lycée : en apparence, les Gordon sont l’incarnation de la classe moyenne américaine blanche, aisée et progressiste. Mais en cette fin des années 1990, les façades proprettes de Topeka, au Kansas, commencent à se lézarder sous la montée insidieuse d’une violence qui révélera bientôt son vrai visage, celui d’une nation déboussolée, rongée par les frustrations, prête à se jeter dans les bras du conservatisme le plus revanchard.
Masculinité toxique, faillite des idéaux, vacuité de la parole publique et retour des vieux démons de l’Histoire : en auscultant la famille Gordon, Ben Lerner se livre à une archéologie passionnante de nos sociétés occidentales modernes, dont il dévoile les faux-semblants avec une acuité et une ambition narrative peu communes.
Entre récit intime, fresque politique et radiographie générationnelle, L’École de Topeka est un « grand roman américain » pour nos temps inquiets, l’aboutissement magistral d’une entreprise littéraire qui démontre avec éclat ce que peut la poésie face au chaos du monde.