Rencontre Nathalie Léger

vendredi 14 février
18h30

Directrice de l’IMEC, commissaire d’expositions et chercheuse, Nathalie Léger consacrait son énergie et sa plume à analyser et éclairer l’œuvre des autres, jusqu’à ce qu’elle élabore la sienne propre, exigeante et poignante, en inventant un geste esthétique singulier : « Associer librement des choses entre elles. Rassembler un matériau très hétéroclite, qui convoque de la fiction, des documents, des bribes d’images, et même des fragments de films dans le cas de Barbara Loden. Et à partir de ça, effectuer un travail de puzzle, un couturage patient, qui réponde à la fois à mon ignorance et à ce désir, ce plaisir de ne rien exclure. Cela évoque le processus d’invention d’une exposition, au sens prosaïque du terme : associer des œuvres sur les cimaises, le plus librement possible. Il s’agit de construire un propos à partir de choses apparemment très hétérogènes, qui se retrouvent à un point très secret. Un point qui est, je crois, la littérature même. »

« Supplément à la vie de Barbara Loden » (POL, 2012, Prix du Livre Inter) noue ainsi plusieurs destins autour de « Wanda », l’unique film réalisé par Barbara Loden, en 1970, œuvre majeure du cinéma d’avant-garde américain. Barbara Loden écrit, réalise et interprète le rôle de Wanda à partir d’un fait divers : l’errance désastreuse d’une jeune femme embarquée dans un hold-up, et qui remercie le juge de sa condamnation. Intervenant à la première personne, introduisant dans le récit sa propre mère, aux côtés de la femme réelle ayant servi de modèle à Wanda, multipliant par ailleurs les incises et les références (de Delphine Seyrig à Marguerite Duras ou Sylvia Plath…), Nathalie Léger installe un subtil jeu de miroirs au centre duquel évolue la femme – sous tension, entre ses élans et son rôle social imposé, ses désirs et ses abandons, ses craintes et ses consentements mêlés. « J’avais le sentiment de maîtriser un énorme chantier dont j’extrairais une miniature de la modernité réduite à sa plus simple complexité : une femme raconte sa propre histoire à travers celle d’une autre ».

Avec « L’exposition » (POL,2008), et « La robe blanche » (POL,2018), « Supplément à la vie de Barbara Loden » tisse une histoire complexe de la féminité et du rôle de l’art pour tenter de conjurer la souffrance.

Rencontre suivie par la projection du film « Wanda » de Barabara Loden, au cinéma Le Dietrich, à 20h30.

En partenariat avec le Festival « Filmer le travail » et le cinéma Le Dietrich